Augurium : l’augure, le présage ; observer les signes de la nature, de la société, et les interpréter. Joëlle Allet les évoque et joue avec les contrastes, les tensions : la légèreté, la pesanteur, l’individu, le groupe, la liberté, la collectivité. Une série de lithographies délicates – nuées de volatiles – entoure la matérialité d’un oiseau solitaire, planant au-dessus de nous.

Sculpture en textile aux dimensions humaines et surplombant la pièce, l’oiseau de l’artiste valaisanne est en relation avec l’espace, le public et les oppositions. Cerf-volant, il devrait planer au vent comme l’animal qu’il représente mais se retrouve figé dans cette petite salle. Autour de lui, cigognes migratrices dans un ciel bleuté ou nuées d’oiseaux entourant parfois un parapentiste, les lithographies de Joëlle Allet sont empruntes de poésie. Elles expriment la liberté, la possibilité de voyager, mais aussi la volonté de l’humain de jouer avec les lois de la nature. Cherchant à imiter la légèreté de ces animaux, le parapentiste reste pourtant bien isolé au sein de cette nuée. Augurium renvoie ainsi tant aux dilemmes et choix constants des êtres vivants face à la vie, qu’aux réactions de la société face à une crise. Réalisées lors du premier semi-confinement, ces estampes étaient un moyen pour l’artiste plasticienne de s’évader face à ces réactions de groupes. Elles prennent ainsi un tout autre sens. La liberté de l’individu s’oppose alors au pouvoir du groupe, aux mouvements qu’il entraine et à la force qu’il crée. Si l’être humain isolé risque sa vie pour atteindre son rêve et prendre part à l’essaim, la société en groupe, elle, se confine pour protéger sa vie, au point d’en perdre l’essence même : sa liberté. Où s’arrête donc l’individu, la liberté et où commence la collectivité et la force ? : tant de questions et réflexions que Joëlle Allet nous invite à explorer ici.