L’exposition personnelle TERRENO INVISIVEL [Terrain invisible] présente un éventail sans précédent d’œuvres du jeune artiste Paulo Wirz. Conçues spécialement pour la Société des Arts de Genève, les trois salles englobent et reflètent la production variée de l’artiste qui présente une série de petits dessins rouges vifs réalisés aux pastels, une installation, composées de trente sculptures en bois posées sur le sol de la salle d’exposition principale et, dans la dernière salle, des centaines de sculptures en cire, jouant avec des éléments de l’architecture du lieu.
Paulo Wirz est originaire du Brésil et est arrivé en Suisse à l’âge de 18 ans. Durant sa jeunesse, il a été confronté aux racines et aux conflits d’un pays, né sous le signe d’une multiplicité variable de références et de mélanges – où l’élite avait pour intérêt de consommer de la soi-disant high culture – qui semble encore imprégner et influencer son travail. Sa production comprend des éléments très précis qui, bien souvent, s’articulent par certaines ambiguïtés ou définitions peu claires. Que ce soit dans les installations ou dans les dessins, les objets et les symboles sont souvent positionnés et encadrés par des lignes qui forment une structure symétrique, comme un plateau de jeu ou un système aux règles inconnues. Cependant, le jeu se révèle en être une d’asymétrique. Des pièces très différentes la compose, tels que des collections de couverts et d’assiettes en porcelaine, parfois organisées, regroupées ou empilées et d’autres fois encore brisées ; des mauvaises herbes qui poussent et envahissent l’espace comme des pensées incontrôlées ; des morceaux d’une matière intemporelle et innommable ; et des traces de saleté attestant d’une présence fantomatique. Dans un geste archéologique, Paulo Wirz cherche, assemble, emboîte et tente de donner un sens et une place à ce monde qui semble disparaître.
Dans l’exposition TERRENO INVISÍVEL [Terrain invisible], l’artiste manoeuvre à travers les tensions d’un jeu déterritorialisé turbulent et ambigu, qui s’assemble sur différents niveaux virtuels et analogiques de la mémoire. Ainsi, au milieu des afflictions du monde contemporain, des fléaux et des mauvais présages, c’est à travers les fissures de ce terrain démesuré qu’il nous est permis d’aller et de venir, de nous placer et de réimaginer le monde.
Giovanna Bragaglia